SIGNES ET AUGURES CHEZ LES CELTES…
SIGNES ET AUGURES CHEZ LES CELTES…
Dans toutes les traditions païennes du monde, les augures, les présages et les signes avant-coureurs avaient une importance conséquente lorsqu’il s’agissait d’interpréter la volonté des Dieux ou de connaître ce que pourrait réserver le futur. Lorsqu’en 295 avant l’ère vulgaire, Romains et Celtes se faisaient face pour une grande bataille, celle de Sentinum, une biche poursuivie par un loup fit irruption entre les rangées des guerriers et des légionnaires. Les deux parties en présence interprétèrent ceci comme un signe positif des Dieux et chaque armée crut en sa victoire imminente. Ce genre de signe était très prisé par les cultures païennes, et, selon les auteurs de l’antiquité, les Celtes étaient tout particulièrement friands de ce genre de présage. Non seulement les druides avaient la connaissance nécessaire pour interpréter ces signes, mais aussi tout un chacun ayant été initié un tant soit peu aux mystères des Dieux. Ces signes pouvaient se présenter comme une apparition naturelle, comme celui de la bataille de Sentinum, ou bien comme une apparition durant un rêve prémonitoire. Voyons à présent quelques-uns de ces signes de la tradition celtique:
-La manière de courir d’un lapin. Présage rendu célèbre par un épisode entre la reine des Brittons, Boudicca, et la Déesse guerrière Andraste.
-L’apparition d’une Divinité dans un rêve. Le roi Catumarandus interrompit le siège de Massilia (Marseille) lorsqu’avec un regard foudroyant, lui apparut en rêve la Déesse Minerve (selon l’interprétation romaine, la Déesse des chouettes). La Déesse lui ordonna d’interrompre les hostilités, ce que fit le roi en se réconciliant avec les habitants de la cité phocéenne. Il donna également en offrande à la Déesse une chaîne en or massif.
-Les entrailles ou le sang d’un être sacrifié (humain ou animal). Selon Strabon et Diodurus Sicilus, un ennemi sacrifié aux Dieux servait aussi pour prédire l’avenir, car le druide lisait dans les entrailles de la victime le dénouement d’une bataille par exemple. Les convulsions du sacrifié étaient elles aussi un signe des Dieux. De nos jours, ceci paraît plutôt cruel, mais la réalité historique est telle…autres temps, autre mœurs… Le druide «peace and love», lui, n’apparaîtra que quelques 2000 plus tard en 1968.
-La forme d’un nuage. Comme tout le monde l’aura déjà remarqué, un nuage peut parfois prendre d’étranges formes, par exemple celle d’un animal ou d’un symbole. Une telle apparition céleste n’est bien-sûr pas le fruit du hasard, elle exprime un message des Dieux qu’il faut savoir interpréter.
-La direction prise par les nuages selon le vent. Ici devait entrer en compte le symbolisme lié aux points cardinaux. Une direction vers l’Est devait très certainement signifier la renaissance et la vie, donc une issue positive, alors que l’Ouest devait sûrement être connecté à l’idée de déclin et même de mort, donc une issue négative.
-La forme des racines d’un arbre. Non seulement chaque race d’arbre était liée à une forte symbolique chez les Celtes, mais également la forme des branches et tout spécialement celle des racines. On pourrait mettre ceci en parallèle avec les symboles celtes connus sous le nom d’Ogham, un système d’écriture irlandais basé sur une symbolique liée aux arbres. Ces Oghams sont certes tardifs dans la culture celte qui était de tradition orale, mais ils ont très certainement reflété une connaissance très antérieure à l’apparition historique de ces symboles. Il devait ainsi exister toute une codification pour chaque forme de racine.
-Le vol des oiseaux. Le symbolisme lié aux différentes espèces d’oiseau déterminait en grande partie le présage, celui de l’hirondelle par exemple est encore connu par nous tous de nos jours. En plus de l’espèce d’oiseau, le vol en lui-même était relié à une interprétation précise, un vol tranquille ou bien énergique, au ras du sol ou très haut dans le ciel, seul ou en groupe, etc…
-Un évènement inhabituel. Le héros irlandais Cúchulainn vit tomber ses armes du mur, ce qui fut un mauvais présage à ses yeux.
Les apparitions dans les rêves sont d’une importance toute particulière, et il existe toute une liste d’interprétation. En voici quelques exemples:
-Un roi rouge = une vie courte.
-Le soleil et la lune en même temps = guerre, lutte.
-Le tonnerre = protection.
-Attraper des oiseaux = chance à la chasse.
Les corbeaux sont eux aussi spécialement appréciés pour les présages:
-Un corbeau qui croasse au-dessus d’un foyer annonçait une visite importante. Si le croassement est du genre “bacaR, bacaR”, la visite est celle d’un civil. S’il est du genre “gradh, gradh”, la visite est celle d’un druide ou de toute autre «prêtre». S’il est du genre “grog, grog”, la visite est celle d’un guerrier ou soldat. Si le croassement est léger du genre “err, err”, il fallait s’attendre à une maladie.
-Un corbeau qui accompagne un voyageur, détermine un voyage agréable et réussi. Il faut se souvenir que le corbeau est très lié à l’un des Dieux majeurs et commun à tous les panthéons celtes, le Dieu Lug.
Les données historiques sur le sujet des présages ne courent hélas pas les rues, il a fallu dans de nombreux cas reconstruire l’ancienne approche, une reconstruction possible grâce à des héritages tardifs et parfois contaminés par le virus chrétien. Mais entre les auteurs contemporains des Celtes et ces précieux héritages culturels, il est possible d’affirmer sans détour, que la lecture des présages et des signes est une partie fondamentale des sagesses de tradition païenne.
Sources :
« Lexikon der keltischen Mythologie », Sylvia und Paul F. Botheroyd
A découvrir aussi
- Rituel d'Union Druidique (Noce, Mariage, Alliance..)
- La magie des plantes
- L’AWEN en Solitaire Avancer seul sur le sentier des Druides.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 13 autres membres